L’accueil du bâtiment principal du Nationalmusée est actuellement soumis à un lifting: le point avec Sala Makumbundu du cabinet d’architecture Bauer et associés.

Quand l’État achète en 1922 la maison Collart-de Scherff, nul ne se doute des tournures que cette aventure va prendre. Dès le départ, la rénovation des lieux est ralentie à cause de difficultés financières et de la Seconde Guerre mondiale. À son ouverture en 1946, le musée est déjà trop petit. Dès 1972, ce sont les arts industriels et populaires qui sont finalement installés dans les maisons patriciennes de la rue Wiltheim. L’année culturelle de 1995 illustre définitivement l’insuffisance de ce dédale de bâtiments et d’annexes face à l’engouement culturel du pays. En 1997, le Fonds de rénovation de la vieille ville lance un concours visant une restructuration et un agrandissement de l’institution. Objectif: construire un nouveau bâtiment correspondant mieux aux attentes du public.

C’est le cabinet d’architecture Bauer et associés de Luxembourg qui sort vainqueur des contraintes d’espace et de classement UNESCO de la ville haute. Le projet ambitieux vise à doubler la surface d’exposition, prévoit de dédier des espaces propres aux expositions temporaires, mais promet aussi et surtout de structurer les circuits et de créer une interface entre extérieur et intérieur. L’articulation entre ancienne et nouvelle construction se matérialise par une cage d’ascenseur centrale ouvrant un espace charnière sur tous les niveaux. Le projet livré en 2002 sera couronné du Luxembourg Architecture Award en 2004.

25 ans de vie commune

C’est dans ce contexte que Sala Makumbundu, architecte fraîchement diplômée de l’université technique de Kaiserslautern, rejoint le cabinet Bauer et associés en 1998. Elle reprend le projet déjà entamé et le mène à terme. Depuis, elle suit l’évolution du bâtiment et porte tous les chantiers de réfection qui s’en suivent.

Au rez-de-chaussée, l’accueil offre par ses baies vitrées une grande perméabilité à la lumière du jour mais attise aussi le regard des passants. Cet espace du musée est le plus fortement soumis aux changements et à l’usure. Après vingt ans de service, il était temps de repenser cette «carte de visite».

Outre un lifting des lieux, il faut concilier exigences actuelles et esprit d’origine. Béton vu, verre et métal adoucis par du bois structuré en bandeaux horizontaux sont les éléments d’identification du concept d’origine. Mais la fonctionnalité et les flux sont à revoir.

Dans la refonte, des tables de vente seront avancées pour diriger les visiteurs vers l’espace de renseignement et de vente. Au milieu, un nouveau comptoir, perpendiculaire à la baie vitrée, permettra d’offrir pour la première fois une zone dédiée à l’accueil des personnes à mobilité réduite. De plus, le volume repensé fera la part belle à une garde-robe plus étendue avec le rajout de casiers supplémentaires et un accrochage modulable pour des vestes et des manteaux. Ce dernier sera adossé à l’espace de rangement technique du comptoir d’accueil alors que les consignes tapisseront le mur mitoyen au musée. Le nouveau concept intègre aussi de façon esthétique et pérenne des solutions de communication plus contemporaines (écrans, vitrines, etc).

Conserver l’identité

Le mobilier et le traitement des finitions s’accorderont harmonieusement avec l’existant: béton ciré au sol, tables de ventes et placards de rangement en chêne pour la présentation de livres et le stockage. L’ensemble sera structuré par un éclairage repensé à la faveur d’une ambiance intimiste. L’idée du grand banc tellement plébiscité par nos visiteurs et le personnel est reprise: il sera quasiment trois fois plus grand et ainsi longer toute la façade intérieure. Parallèlement, un groupe de travail interne au musée est en train de repenser l’offre du shop pour mieux répondre aux demandes et s’adapter au goût du jour.

Les nouveaux besoins techniques sont également pris en compte: ainsi, un chauffage au sol installé dans une petite estrade sous le comptoir d’accueil apportera du confort à l’équipe sans surchauffer l’atmosphère. L’architecte Sala Makumbundu se dit heureuse de pouvoir apporter sa pierre à l’édifice dans la continuité du concept initial et espère qu’au printemps, le musée pourra ouvrir ses portes sous un nouveau jour.

Texte: Muriel Prieur / Images: Sonia da Silva