Lundi est un jour particulier pour notre musée. Alors que nos portes restent fermées au public, l’équipe technique se met au travail. Il n’est d’ailleurs pas rare d’observer un sacré remue-ménage sur le parvis (voitures de livraison, opérateurs externes, camion de transport…).

Ce jour de semaine-là, les visiteurs sont remplacés par une douzaine de techniciens maison – les professionnel·le·s de la régie et de la restauration, responsables de l’inventaire et stagiaires – qui prennent part à un rituel peu connu du grand public et qui vise le dépoussiérage de la collection. Un acte de conservation préventive qui se réalise dans la plus grande discrétion mais avec une grande rigueur. 

Derrière ces gestes somme toute banals ou quotidiens, se cache un défi de taille : la poussière. Si elle semble anodine, elle constitue un véritable risque pour la pérennité des oeuvres les exposant, à force d’accumulation, à une altération esthétique. Pouvant retenir l’humidité, elle favorise le développement de moisissures ou d‘insectes. De plus, les fines particules peuvent avoir un effet abrasif ou engendrer des réactions chimiques conduisant au jaunissement, à la décoloration ou à la dégradation des matériaux. Il s’agit donc d’un facteur de dégradation silencieuse. En éliminant cette poussière, l’équipe ne se contente pas de garantir l’effet esthétique des oeuvres, mais contribue activement à leur longévité. C’est pourquoi, deux fois par an, notre service se mobilise pour nettoyer minutieusement chaque oeuvre du musée. 

Plumeaux, microfibres et aspirateurs 

Le dépoussiérage, dans notre musée, ne se résume pas à un simple toilettage. Chaque oeuvre, qu’il s’agisse de sculptures, de tableaux ou d’objets d‘artisanat, nécessite une attention particulière. Pinceaux doux, plumeaux, microfibres et aspirateurs à faible puissance sont nos alliés pour éliminer la poussière sans risquer de détériorer les matériaux fragiles. L’équipe qui intervient joue un rôle clé dans ce processus. Chaque membre connaît les spécificités des oeuvres qu’il supervise, et c’est en connaissant chaque recoin, chaque texture, que les gestes s’adaptent. Les chefs-d‘oeuvre de notre collection sont ainsi inspectés sous toutes les coutures : des côtés visibles aux revers, chaque détail compte. Si la poussière est éradiquée, c’est aussi l’occasion de vérifier l’état sanitaire de nos protégés. Les restaurateurs et restauratrices en profitent pour effectuer une inspection visuelle, déceler des traces d’infestations ou repérer de petits signes de détérioration qui auraient pu passer inaperçus autrement. 

Tous unis contre l'ennemi

La collaboration entre les différentes spécialisations est essentielle. Ce n’est pas uniquement la compétence qui fait la force de ce travail, mais aussi l’esprit d’équipe qui se déploie tout au long de la journée. Tou.te.s les spécialistes impliqué·e·s partagent leur expertise et s’entraident. Ce moment de convivialité, où chacun peut poser des questions et échanger des conseils, renforce la cohésion. L’enthousiasme et la bonne humeur sont au rendez-vous, et les relations entre les collègues se renforcent au fur et à mesure que les gestes minutieux sont réalisés. Le lendemain, le public peut à nouveau déambuler parmi les oeuvres, comme si de rien n’était, mais derrière chaque tableau et chaque sculpture se cache un travail invisible, une attention de chaque instant pour que le patrimoine vive et que le savoir-faire fleurisse. 

Texte: Muriel Prieur - Photos: Éric Chenal