Un chantier des collections consacré aux décorations et aux distinctions honorifiques a permis le traitement et l’étude systématique d’un nombre impressionnant d’objets, de documents historiques et d’oeuvres d’art. Plongée en immersion au coeur de la «Fabrique de l’Honneur» conservée au Musée national d’archéologie, d’histoire et d’art.

Ces dernières semaines, les équipes de la Régie et Inventaire ainsi que du Cabinet des Médailles ont mis en application la devise «L’union fait la force» pour s’atteler à un chantier colossal: la réalisation du récolement, de l’inventaire précis et informatisé, ainsi que les photographies et le reconditionnement de l’ensemble de la collection phaléristique du musée. La phaléristique est la science des ordres, décorations et médailles. Au total, plus de 30 caisses, contenant chacune environ une centaine d’objets, ont été déplacées vers le dépôt du musée où chaque objet a été identifié, décrit, mesuré, photographié et reconditionné, grâce à la mobilisation d’une équipe à géométrie variable d’étudiants et de stagiaires en études de Régie des collections.

«Travail et progrès»

Cette collection «décorations» du musée est riche et variée. Elle s’est constituée à travers l’acquisition de plusieurs lots dès la seconde moitié du 19e siècle, notamment l’ensemble des décorations honorifiques ayant été offertes au ministre Paul Eyschen (1841-1915). À sa suite, plusieurs ministres d’État ou bien leurs descendants ont confié leurs décorations luxembourgeoises et étrangères au musée.

En 1976, une exposition réalisée sur les décorations et la collection numismatique de Joseph Bech (1887- 1975), ministre d’État et des Affaires étrangères durant de longues années, joua un rôle déclencheur dans le déroulé de ces acquisitions. Non seulement, l’exposition (dont il existe un catalogue) a mis en valeur le don réalisé par les héritiers de Bech à son décès, mais a également ouvert la voie à d’autres dépôts. Dans la foulée, le conservateur du Cabinet des Médailles, Raymond Weiller, organisera la collecte de plusieurs décorations luxembourgeoises, mais aussi étrangères, notamment en contactant directement les ministères, les chancelleries, les forces militaires, les associations mais aussi les fabricants. Deux catalogues sur les décorations luxembourgeoises officielles et privées, publiés en 1988 et 1989, couronnèrent ce travail.

Une collection florissante

À la fin des années 1990, le déménagement du musée et l’installation du Cabinet des Médailles ne permirent pas le rangement systématique de la collection des décorations. Les nouvelles mises en valeur scénographiques des collections à travers d’une part l’ouverture de l’exposition permanente du M3E en 2012 où est présentée la collection Eyschen et la réouverture du Cabinet des Médailles en 2015 où est exposée la collection Bech, ont engendré de nouvelles acquisitions, dont le don de la collection des décorations du ministre Pierre Werner (1913-2002), en 2016. Par ailleurs, régulièrement, soit par le biais d’acquisitions sur le Marché de l’Art, via des remises du Ministère d’État ou bien grâce à des dons de particuliers, la collection continue à s’agrandir.

«Je maintiendrai»

Les objets «décorations» se caractérisent par leur caractère composite. Un insigne, souvent en métal, est relié à un ruban (textile), parfois manquant. La décoration peut être parée de barrettes, de rosettes, de surcharges et peut également présenter une miniature (métal). Certaines décorations sont émaillées. Elles sont souvent accompagnées d’un diplôme et de leur boîte d’origine. Ces objets sont à conserver absolument, car ils représentent le lien entre l’objet et le nom du récipiendaire.

Par ailleurs, d’autres documents, comme des photographies, des coupures de presse, des archives privées ont parfois été légués avec les décorations. Il était important de conserver le caractère complet de ces lots afin de pouvoir toujours les relier ensemble au contexte de leur acquisition et à leur propriétaire initial.

Enfin, la phase finale de ce chantier consista à attribuer un emplacement spécifique à chaque objet dans le dépôt et, dans certains cas, à mettre en place une intervention des restaurateurs afin de stabiliser certaines oeuvres en vue de leur conservation la plus optimale possible.

Texte: Cécile Arnould - Photos: Éric Chenal